Discipline méconnue, à l'interface entre géographie et informatique

Après le Congrès européen d’ichtyologie, en juillet, l’Institut de zoologie accueillera, du 5 au 9 novembre prochain, un nouvel événement consacré à une discipline méconnue : une semaine de la géomatique. L’ULg possède, dans la faculté des Sciences, une unité de géomatique – l’une des premières d’Europe – depuis 1997. Celle-ci, forte d’une vingtaine de professeurs, assistants et chercheurs, est très active dans la recherche et organise l’unique formation en géomatique et géométrologie (master de cinq ans) de Belgique francophone, donnant accès à la profession de géomètre-expert.

Au croisement de la géographie et de l’informatique, la géomatique regroupe plusieurs activités : l’acquisition de données géographiques au moyen de différentes techniques – la topographie (levers de terrain à l’aide notamment de systèmes optiques et laser), la photogrammétrie (exploitant principalement des photos aériennes), la télédétection satellite –, les systèmes de positionnement et de navigation par satellite, comme le système américain GPS, connu aujourd’hui de tous, ou le système européen Galileo en cours de développement, le stockage et la gestion de ces données dans des bases de données et des systèmes d’information dédiés, ainsi que le traitement de l’information géographique, en particulier par l’analyse spatiale (modélisation de l’espace).

De plus en plus sollicitée, la géomatique s’applique à de très nombreux domaines : l’aménagement du territoire et l’urbanisme, le géomarketing, l’hydrographie, la météorologie, l’océanographie, la biologie, l’archéologie, la criminologie (le profilage géographique est une technique utilisée dans la recherche des criminels en série)... " Notre métier attire toutefois trop peu d’étudiants par rapport à la demande, regrette le Pr Jean-Paul Donnay, responsable de l’unité. Il est vrai que la formation est loin de la perception de la géographie qu’ont les étudiants du secondaire et que la discipline reste peu connue. "

Pour se donner de la visibilité, l’unité organise une semaine de la géomatique (dirigée par les Prs Jean-Paul Donnay et Roland Billen) à l’Institut de zoologie. Point d’orgue : les géomaticiens liégeois accueilleront le colloque Sageo (les 7, 8 et 9 novembre), organisé chaque année par les groupes de recherche en géomatique français, avec le soutien du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). " C’est la première fois que ce colloque international francophone, très bien coté, se déroulera hors de France, souligne le Pr Donnay. Il y aura une quarantaine de papiers scientifiques, une quinzaine de posters et des orateurs de réputation internationale. Nous attendons une bonne centaine de participants. "

Auparavant, le 5 novembre, se déroulera une journée de séminaire proposée par l’association AM/FM-GIS Belux, qui regroupe les géomaticiens des secteurs public (Institut géographique national, cadastre, etc.) et privé belge et luxembourgeois. La journée du lendemain sera consacrée à trois ateliers sur les systèmes d’information géographique urbains multidimensionnels, le géomarketing (proposé par le service d’étude en géographie économique fondamentale et appliquée de l’ULg) et le crime mapping and modelling (en collaboration avec des collègues de criminologie de l’ULg et la police fédérale).

La semaine de la géomatique s’adressera non seulement aux scientifiques et aux professionnels, mais aussi au public scolaire, à travers une exposition cartographique. Le 7 novembre sont prévues, pour les enseignants et élèves du secondaire, une visite guidée de l’exposition, une démonstration d’outils en ligne comme l’Atlas numérique de Belgique conçu par les géomaticiens de l’UL g et des activités ludiques. " Avec le GPS, Google Earth ou Google Maps, l’information spatiale s’est fortement banalisée au cours des années. Nous espérons que cela suscitera des vocations", conclut le Pr Donnay.

Eddy Lambert
Photo : ESA - J. Huart