Novembre 2012 /218

Le “social investment” au programme de HEC-ULg

Grâce au fonds InBev-Baillet Latour, une chaire en social investment*, centrée avant tout sur l’action des fondations, est inaugurée aujourd’hui au sein du Centre d’économie sociale de HEC-ULg. C’est une première en Belgique.

On aurait pu parler d’une chaire en philanthropie, mais, en français, le terme “philanthropie” paraît obsolète ou connoté parce qu’il renvoie, invariablement, aux dames patronnesses ! Dans beaucoup de pays, la philanthropie sent le paternalisme. L’acception est par contre plus neutre en anglais et, surtout, fait partie du vocabulaire courant. Elle recouvre les diverses formes de dons, à savoir l’action des fondations d’intérêt général, le mécénat des entreprises, les activités bénévoles, etc. Dans les pays anglo-saxons, il n’est pas rare que des personnalités célèbres fassent montre de grande générosité. Parmi les donateurs les plus emblématiques, on peut citer Richard Branson (Virgin), Warren Buffet (fonds Berkshire) et bien sûr Bill Gates à l’origine de Microsoft, lequel a créé avec son immense fortune la fondation Bill-et-Melinda-Gates dont l’objectif déclaré est “d’améliorer le sort de ses semblables et de manière désintéressée”. Bref, outre-Manche et outre-Atlantique, la philanthropie a bonne presse.

Au-delà des questions de vocabulaire, cette approche gagne maintenant tous les pays développés. « Dans l’actuel contexte de crise de l’Etat providence d’une part et face aux immenses défis sociétaux d’autre part, un nombre croissant de personnes très riches semblent prendre conscience d’un devoir d’agir pour le bien commun», constate le Pr Jacques Defourny, directeur du Centre d’économie sociale de HEC-ULg. Partout, de nouvelles formes de philanthropie émergent – la venture philanthropy, le social venture capital, les community foundations, le social impact investment – et alimentent le débat. Quelles sont les personnes derrière ces initiatives ? Quelles sont leurs motivations ? Comment ces fondations agissentelles ? « Alors que le capitalisme est confronté à ses excès, certains de ses acteurs veulent montrer que l’initiative et l’action privées peuvent aussi jouer un rôle important dans la poursuite du bien commun. Je pense que la recherche universitaire doit prendre au sérieux cette thématique et la creuser au-delà de tous les préjugés possibles », argumente le Pr Defourny. Le fonds InBev-Baillet Latour s’est ainsi laissé convaincre : en créant une chaire au sein de HEC-ULg, il a décidé de promouvoir une réflexion plus systématique, plus rigoureuse sur les pratiques des fondations et de se laisser lui-même interpeller en espérant progressivement améliorer son action.

Le programme de recherche commencera par l’analyse du paysage des fondations en Belgique et de ses évolutions récentes. L’objectif étant à moyen terme d’étudier la philanthropie comme investissement social, d’envisager aussi les fondations comme acteurs dans la mondialisation et dans les reconfigurations de la gestion de l’intérêt collectif. « De manière générale, il s’agira aussi de proposer aux fondations des moyens de renforcer leur capacité d’analyse, de management et de gouvernance », commente le Pr Defourny, coordinateur de la chaire pour la première année.

Le lancement aura lieu à Bruxelles, lors d’un business breakfast, le 6 décembre prochain. Un senior researcher et un doctorant sont déjà recrutés afin d’organiser l’ensemble des activités prévues en 2013, parmi lesquelles des modules d’enseignement en social investment au sein de la filière “management des entreprises sociales”. Ces modules seront ensuite proposés dans différents autres programmes (avis aux amateurs !), d’autant plus que de nombreuses fondations sont des acteurs importants dans le soutien à la recherche, en médecine mais aussi dans bien d’autres domaines. La chaire entame aussi un projet de recherche sur le social return on investment ainsi que la préparation d’un congrès en juillet prochain. De quoi étoffer encore la renommée du Centre d’économie sociale de l’ULg.

Patricia Janssens

* Créé à l’initiative d’Alfred de Baillet Latour, actionnaire décédé de la brasserie Stella Artois, le fonds InBev-Baillet Latour a déjà à son actif divers soutiens à des chaires universitaires. Par ailleurs, la chaire Baillet Latour est la dixième à HEC-ULg.

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