Avril 2015 /243
TypeArt

Sorties de presse

La langue, cet obscur objet politique
Un livre qui fait bouger les lignes

LangueDansCiteLe citoyen est-il fait pour la langue ou celle-ci est-elle faite pour lui ? Des deux propositions de cette alternative, le professeur émérite Jean-Marie Klinkenberg choisit résolument la seconde dans son nouvel ouvrage La Langue dans la cité, dont le sous-titre Vivre et penser l’équité culturelle indique à suffisance qu’il s’agit plus d’un livre engagé que d’un travail académique. C’est que ce spécialiste du langage – internationalement connu pour ses apports en linguistique, sémiotique et histoire des littératures francophones – y prend le taureau par les cornes : oui, “il y a [...] place dans notre société pour une politique de la langue”.
Voilà une position qui tranche avec les tenants d’une pureté langagière, campant sur leurs certitudes sourcilleuses et flinguant au mieux avec condescendance toute entorse au sacro-saint “bon usage”, voire avec une douteuse jubilation la moindre erreur à l’accord des participes passés. Les  marqueurs sociaux font décidément flèche de tout bois : l’énonciation et l’orthographe n’y échappent pas ! Les gardiens de l’ordre linguistique, si animés qu’ils puissent être de bonnes intentions, entravent les utilisateurs de la langue, étant entendu que “ce n’est pas elle qui est digne de nos soins, mais ceux qui la parlent”.
Cette thèse centrale, qui s’oppose à une conception essentialiste de la langue, Jean-Marie Klinkenberg la défend avec une argumentation imparable, non dénuée de traits ironiques ou de passages plus didactiques. Mais la préoccupation constante de son essai à la dimension citoyenne évidente est d’inviter les pouvoirs publics à intervenir en matière de langue. Car quantité de problèmes sociaux passent par elle qui, instrument d’identificationet de communication à ses meilleures heures, est aussi souvent en des moments plus sombres outil d’exclusion et de domination.
À ce propos, il suffit de penser à l’impact d’une expression telle que “intérêts notionnels” : pas sûr que le travailleur lambda saisisse automatiquement le sens de cet ovni intimidant de la technique fiscale, lequel renvoie au droit obtenu par les sociétés de déduire fiscalement une partie des sommes qu’elles ont investies. “Intérêts fictifs” serait déjà plus transparent. Appel est donc fait, sur base d’autres exemples significatifs, aux responsables (politiques, syndicaux, patronaux, etc.) du pays à “rendre la langue claire”, puisque “c’est rendre le citoyen responsable devant les choix qui sont faits en son nom”. Équité oblige.

Voir l’article sur le site www.reflexions.ulg.ac.be (rubrique Pensée/lettres)

La Langue dans la cité, Les Impressions nouvelles, Bruxelles, 2015.

* * *

GouvernanceMondialeCultureAntonio Vlassis,
Gouvernance mondiale et culture. De l’exception à la diversité
Presses universitaires de Liège, Liège, 2015

L’ouvrage envisage le processus de la construction politique d’un cadre normatif tel que la Convention sur la diversité des expressions culturelles. Il s’interroge sur les facteurs qui ont contribué au glissement de “l’exception culturelle” à la “diversité culturelle” et à la nécessité de la mise en place d’un instrument international majeur dans la gouvernance mondiale de la culture. Comment interpréter la nature, le degré et les implications de cette évolution ? De qui émane le cadre normatif, pour quelles raisons, sous quelles conditions et comment ? C’est à ces questions que l’auteur répond.

Antonios Vlassis est chargé de recherche FNRS au Center for International Relations Studies (CEFIR) de l’ULg. Il est membre associé au Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation de l’université du Québec à Montréal, ainsi que maître de conférences à l’ULB.

Voir le site www.presses.ulg.ac.be

Henri Deleersnijder
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