Novembre 2016 /258

Les débuts de l’électricité

A votre avis, Philippe Tomsin

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la vapeur est la principale source d’énergie mécanique, mais les besoins sont tels qu’il faudra vite se tourner vers d’autres voies, dont l’électricité. Or, celle-ci n’est encore que partiellement maitrisée et son utilisation se cantonne à des applications de galvanoplastie, par exemple. Si, en 1880, l’université de Liège crée une chaire de “télégraphie et autres applications de l’électricité”, discipline alors très embryonnaire, l’année suivante, en 1881, George Montefiore qui venait de participer au congrès international des électriciens à Paris réalise combien l’électrotechnique est prometteuse et, surtout, mesure le retard qu’accuse la Belgique en ce domaine. Il décide alors de fonder un Institut au sein de l’université de Liège en puisant dans ses propres deniers.

À leur inauguration en 1883, les locaux sont déjà très bien équipés : amphithéâtre, salles de cours, laboratoires, ateliers, bibliothèque, etc. Bien entendu, toutes les classes sont éclairées à l’électricité. La première année, l’Institut accueille 18 étudiants et, rapidement, acquiert une réputation internationale (un demi-siècle après sa création, la moitié des ingénieurs formés étaient d’origine étrangère), tant et si bien qu’il doit déménager et s’installer au début de la rue Saint-Gilles. Montefiore y fait construire un amphithéâtre de 300 places équipé d’un projecteur de diapositives sur plaques de verre. Petit à petit, les laboratoires s’étoffent et de nouvelles sections sont ouvertes : radioélectricité, hautes tensions, etc.

Par ailleurs, l’Institut Montefiore est aussi connu pour son patrimoine scientifique. Outre une salle contenant une machine à vapeur, il a acquis diverses machines : des moteurs électriques, des lampes à arc, des téléphones, des appareils de mesure, etc. Il y avait aussi une importante collection de câbles, de piles et d’accumulateurs. Ces instruments servaient autant aux professeurs qu’aux étudiants. Parmi les pièces inventoriées, certaines sont remarquables, comme le disque de Nipkow qui permet de décomposer et de reconstruire une image au moyen d’un disque percé de trous répartis en spirale, ou un pantélégraphe de Casseli (appelé aussi téléautographe), l’ancêtre du fax en quelque sorte.

Philippe Tomsin
Historien des techniques (docteur en histoire de l’art et archéologie, 1996)

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